Transition énergétique du Québec : une vision systémique et ça presse!

Depuis quelques semaines, les rapports se suivent… et se ressemblent! Fin février, le GIEC publiait le dernier volet de son 6e rapport d’évaluation intitulé Impacts, adaptation et vulnérabilité. Celui-ci fait valoir qu’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5 °C entraînera des conséquences graves, voire irréversibles, et que seule une réduction rapide et soutenue des émissions de CO2 peut contenir l’augmentation des températures sous les 2 degrés. Cette semaine, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations unies nous informe que cette hausse de température tant redoutée pourrait survenir, de manière temporaire, d’ici les cinq prochaines années. À la lueur de ces constats alarmants, l’urgence d’accélérer la transition énergétique du Québec, dans une perspective de lutte aux changements climatiques, s’impose comme une priorité. Mais qu’est-ce qui freine cette transformation et comment contourner ces obstacles?

Au Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD), nous croyons que la réponse à ces questions est claire : l’absence d’une vision systémique. En effet, il faut se pencher sur la meilleure approche à adopter pour accélérer la transition énergétique et arrêter de segmenter la lutte aux changements climatiques par créneaux d’expertises, où chacun.e travaille en silo de son côté.

Nous devons conjuguer nos efforts, mais surtout nos connaissances, qu’elles soient scientifiques, académiques, techniques ou issues du terrain. Nous devons aborder les problématiques tant du point de vue des sciences fondamentales et appliquées que de celui des sciences humaines et sociales, afin de dégager des pistes de solution concrètes et socialement acceptables qui reflètent toutes les dimensions d’une réalité. Finalement, nous devons repenser les structures et les systèmes de notre société dans le but de développer une stratégie concertée qui laisse place aux innovations durables.

Le Québec est reconnu mondialement comme un leader en matière de recherche et de développement. On n’a qu’à penser à ce qui se fait ici en matière d’intelligence artificielle ou encore, d’électrification des transports. Pourtant, ces innovations peinent à être déployées plus largement en raison d’un appareil bureaucratique rigide, de processus désuets et de contraintes réglementaires qui ne tiennent pas compte des besoins actuels et futurs de notre société. Sans toutes ces entraves, nous pourrions déjà améliorer grandement notre bilan énergétique.

Ce triste constat auquel nous arrivons est partagé par plusieurs expert.e.s de renom, si on revient  aux échanges tenus dans le cadre du panel Une vision systémique du futur de l’énergie au Québec : pistes de solutions pour une transition énergétique juste et équitable, organisé par le CIRODD, le 28 avril dernier.

Économie circulaire, efficacité énergétique, électrification des industries, usage des bioénergies et hydrogène, consolidation de la formation, transformation radicale des réglementations, des comportements et des marchés : toutes les pistes de solutions évoquées par les panélistes pour favoriser la transition énergétique du Québec semblent conforter cette nouvelle approche systémique.

Le temps presse. Nous ne pouvons plus attendre qu’une « solution magique » émane de la science ou d’une instance supérieure. Nous devons collectivement oser et prendre la responsabilité de faire les choses différemment, dès maintenant. L’innovation vient nécessairement avec sa part de risques. Si ces inconnues peuvent être effrayantes, elles le sont moins que ce qui nous attend si nous ne faisons rien. Plus que jamais, nous avons besoin d’un plan de match, une vision systémique et concertée où chacun.e sait ce qu’il doit faire pour atteindre un objectif commun : une transition énergétique juste et équitable du Québec!

DANS LES MÉDIAS :

Le Nouvelliste
Le Journal de Montréal
Le Journal de Québec
TVA Nouvelles
QUB